Récents en France et en Belgique, où ils étaient restés confinés à un petit cercle d'amateurs jusqu'en 1994, les mangas déclenchent les passions. Alors que des éditeurs traditionnels les intègrent à leur catalogue, la presse les accuse de tous les maux. Violents ? Pédophiles ? Médiocres ? En tout cas, ces japonaiseries ne sont-elles pas charmantes ?

   On les traite d'envahisseurs, car, petit à petit, les mangas grignotent du terrain à la BD classique ! C'est un phénomène de l'édition : éditeurs et créateurs européens se lancent dans les mangas européens pour profiter de la vague... Exemples :

1. L'homme qui marche de Taniguchi :

      Un sommet dans l'art de la subtilité : pas de bandits, d'énigme, de bons ni de méchants. Rien qu'un homme comme tous les autres qui marche dans les rues de sa petite ville et profite des moindres bonheurs qu'elle peut procurer : le vol d'un oiseau, un flocon de neige, une nuit étoilée, des jeux d'enfants, le sourire d'un autre promeneur...
      Loin de ce qu'on imagine de la vie des Japonais, réglée par les horaires abrutissants des bureaux et le rythme des métros ! Une plongée tonifiante dans la vie et la culture japonaises et un livre où l'on se sent merveilleusement heureux d'exister.

2. Dispersion de Hideji Oda :

      Une interrogation sur le sens de la vie racontée avec sensibilité : Azami, une jeune Japonaise, revient dans son village après cinq années d'absence, toute heureuse de retrouver son ami d'enfance.
      Mais celui-ci a changé ; renfermé, il est rejeté par les autres parce qu'il semble souffir d'une étrange maladie. En fait, il s'ennuie dans ce monde qui lui semble si triste et si loin de lui, et il n'a trouvé d'autre solution que de se disperser.Les atomes de son corps se désolidarisent, et il se répand dans l'infini.Fondu dans l'univers, il en voit toutes les horreurs.
      Azami l'attendra le temps qu'il faudra. Mais reviendra-t-il ?